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COPIE DELL' ORIGINE PERDUTA
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Textes

 

 Galerie  AVIDA DOLLARS Milano

 Paris, 1991

Chère Silvia, 

Je travaille dans le domaine de l'image, et surtout, dans cette grande machinerie génératrice d'images qu'est le dessin. Je suis totalement, irréductiblement, sous l'emprise de sa séduction et de sa discipline.

Le dessin a transformé, restructuré ma vie, comme en une initiation mystique, nuits obscures et illuminations fulgurantes.

Je peux te l'assurer, lui, le dessin, possède une logique indépendante de la nôtre, et une fois qu'il nous a captivés, impossible de si-y soustraire.

C'est lui qui, au fil de ces années, m'a révélé dans toutes leurs harmonies des univers qui m'étaient inconnus et c'est au cours de mes voyages dans ces mondes que me sont apparues - d'abord confusément, puis de plus en plus claires, mais toujours par zones limitées - les traces d'une immense et sublime peinture.

Ainsi, une fièvre m'a saisi et maintenant, elle me dévore.

Je veux dire et ne sais comment le formuler, que je ne vois cette peinture que par détails, par éléments, et qu'à travers eux je la perçois dans sa totalité, du moins me semble-t-il.

Elle est immense, mais je peux seulement imaginer son immensité, tant elle l'est en fait.

Dans la fièvre, je perçois ses formes, et sa facture incomparable! La sensualité de ses formes, l 'énergie de ses couleurs, l'élan vers l'imaginaire et l'intensité érotique qu'elle suscite restent inégalables.

Tout y est, tout est déjà accompli. Il ni' a plus rien à faire, tu comprends? Rien!

Impossible de rivaliser, impossible de « faire », alors j'ai pris cette résolution, copier. 

Faire des copies, traduire en images cette peinture, puisque les copies ne sont rien d'autre que des images de l'original, voilà ce qui me reste possible. Il va de soi, comme je te le disais, que je n'en suis pas l'auteur mais que je le suis de ses copies et que j'agis sous l'impulsion du désir, de la nécessité plutôt, de fixer dans la mémoire ces fragments de peinture.

Pour nourrir sa totalité, qui se perd dans l'obscurité et se devine, vibrante de formes et de lumières, par-delà l'étroite

zone éclairée.

Qu'il ne soit donc pas question de matières, de concepts, de justifications. 

Je ne fais pas de peinture, puisqu'elle est déjà faite, je la copie. 

Quant à ma technique, peu importe: encres, acryliques, bombes fluorescentes, en somme tout ce qu'on utilise pour réaliser des images.

Je n'aspire qu'à une chose, qu'on reconnaisse à mes copies le mérite de témoigner, d'évoquer, même si faiblement, le souvenir de l'original qu'on ne peut voir qu'en imagination.

J'espère que toi aussi tu seras d'accord avec moi.

Je t'embrasse.

Silvio


 

 

Lettre ouverte à Joëlle de la galerie Petits Papiers pour l'exposition: Cadelo TRANS-BD1 

Paris mars 2012

Chère Joëlle,

Tu me demandes un texte de présentation pour ma prochaine exposition « TRANS-BD 1 » mais c’est toujours délicat de parler de son propre travail et surtout je risquerais d’avoir une approche trop « cérébrale ».

Je préfère donc que ce soit toi ou un autre artiste qui le fasse. Je te donne ici quelques repères.

 

Par exemple, si tu veux choisir un fil conducteur, il y a un thème qui, comme tu le sais traverse tout mon travail, celui de l’altérité.

Tu peux expliquer les corps imaginaires par mon désir de rupture des clichés et stéréotypes pour renouveler le regard sur le monde, chercher celui de la première fois, d’avant que les choses avaient un nom.

En d’autres mots, le corps est en totale fusion avec l’espace, et nos yeux, qui heureusement ne voient pas tout, sélectionnent la partie utile à son action.  

Comme tu vas sélectionner l’espace utile pour ton corps à deux jambes c’est en fonction de celui ci que tu pense une architecture, une peinture, un idée, un histoire, un objets, etc… 

On y est tellement accoutumé qu’on croit que c’est de notre mérite que d’avoir deux jambes.

 

Alors, si je décide de changer l’image du corps,  tout mon univers change avec.

Les corps que je propose sont des projets de corps « autres », évocateurs d’autres espaces, d’autres relations, de civilisations autres. Jamais monstres, ni corps souffrant.

Ce sont d’autres êtres avec d’autres regards, d’autres conflits et harmonies.

Est-ce la nostalgie d’autres virtualités ?

Ce sont, je crois, les corps qu’on recèle en nous, repliés et prêts à se déplier, ce sont nos formes avant et après notre forme, les plis de l’âme sont infinis nous dit Leibniz...

 

À quoi bon tout ça ? Il me semble essentiel que le regard soit déstabilisé pour pouvoir revenir sur le réel et le percevoir pour ce qu’il est : un ensemble innombrable d’images virtuelles sans cesse à l’œuvre pour générer  du nouveau .

La création est, toujours en acte, c’est la condition même de la vie, incessante, immanente.

Pour un artiste il y a deux manières d’imiter la nature, l’une est de reproduire ce qu’elle produit, l’autre est d’imiter son action de créer.

Dessiner c’est « révéler », projeter, pré-voir, envoyer un cerf-volant dans les airs et imaginer ce que l’on peut voir de là-haut, déplacer le corps là où il ne peut physiquement aller.

On envoie bien des sondes sur des planètes inaccessibles !

Enfin, pourquoi ce titre « TRANS-BD » ?  Crois-tu vraiment qu’il soit nécessaire de l’expliquer ?

Je te laisse le faire alors, mais n’oublie pas de dire que si la BD a comme spécificité de bâtir des mondes, ces mêmes mondes sont ouverts et ils ont une logique qui comporte un mouvement qui nous  pousse à nous déplacer pour les parcourir.

 

Je crois qu’il ne faut pas en dire plus, le reste devrait se voir sur les murs de la galerie, non ?

Bon travail.

 

Trans-bises.

Silvio


 

 

EXPOSITION "COPIES DE L'ORIGINE PERDUE" (FR)

Paris 1990

Tu le sais sûrement

Un désir impossible nous habite, nous, les exécutants d'images, celui de la totalité.

Aussi tâtonnons‑nous dans le vide en quête de cet inaccessible inconnu.

Oui, c'est vrai, nous ne nous rendons coupables que de vol, envers le crée : nous sommes des voleurs de matière ! Coupables, mais aucunement complices de ces prédateurs qui exhibent leurs trophées aux murs.

Des têtes tranchées à la nature, pour décorer les salons? Ça, jamais!

Nous, nous ne capturons que des images et nous ne volons à la nature que le strict nécessaire, juste pour le poser sur un support.

Je te le jure : si nous le pouvions, nous n’emploierions même pas de pinceau, nous n'effleurerions même pas la toile, ah, je te le jure, comme nous nous en passerions ! Mais il faut devenir pécheur, pour pouvoir dénoncer le péché. L'éternelle histoire.

 Alors, nous aussi, nous volons.

Voleurs peut‑être, mais jamais, je te dis, jamais présomptueux "créateurs". Non!

Nous ne faisons pas de création, puisqu'elle existe déjà, pas de peinture, puisqu'elle est déjà faite, humblement, nous nous inclinons devant sa perfection, mais en la copiant, nous témoignons de son existence.

Car nous le savons, dans un impossible futur, cette immense, cette sublime peinture se manifestera dans sa totalité, d'un geste, elle chassera des musées toutes les collections, ces pitoyables tentatives de création qui nous étouffent. Et nous serons enfin libérés du besoin d'art.

Pour le moment, ces abus que nous appelons art, continuent de nous attirer parce que nous sentons que ce sacrilège

retient captive une partie de la totalité, ce grand tout que nous ne pouvons atteindre et qui nous appelle.

 

A moins que... et là réside le problème, est-ce un appel, ou un cri?

Pourquoi recourir à un acte de violence? Pourquoi suspendre au mur la tête d'un cerf mort, alors qu'on peut avoir l'image - ou plutôt, les images - de mille cerfs frémissants de vie?

Mon ami, le poète Corrado Costa l'écrivait: il est juste de dissocier l'ouvre et l'homme, les couleurs et la peinture, la pierre et la sculpture, puis de rendonner humblement à l'intégralité de la création, à la nature, ce que l'homme, avec arrogance, lui a volé pour faire de l'art.

C'est, disait-il, la seule manière de donner un sens à l'ouvre de l'homme, une fusion totale avec la nature.

L'art de l'homme en sera alors aussi grand qu'invisible, et seule cette invisibilité l'aura grandi.

Voilà, face à l'immense, l'impossible, l'indiscernable peinture, nous, nous pourrons enfin séparer pigments et tableaux, pierre et monuments. Rendre le marbre de la sculpture de nouveau aux caresses de l'eau du torrent, dont nous l'avions si cruellement privée afin qu'elle en complète l'ouvre interrompue.

Et toi, qu'en penses-tu?

Nous, les copistes, nous ne voudrions pas participer à cette violence du vol de la matière.

Ou peut être, nous voudrions le faire différemment, même si là encore, nous nous trompons.

Mon ami Corrado  me disait: C'est écrit, Cadelo, il n'y a rien de nouveau sous le soleil, alors, comment faire?

Et en, souriant, me conseillait: Chercher au-dessus, au-dessus du soleil!

 

Ainsi suivons nous une autre voie qui, comme toutes les autres, nous égare.

Oui, nous, les faiseurs d'images, nous les humbles et présomptueux copistes de la grande peinture, nous allons vers l'obscurité, vers l’éternelle négatif, ou l’éternité s’impressionne, la où la matière se perd, et ou seule subsiste son image car c'est elle, on le  sait, qui nous en révèle les secrets.

L'image est lumière, elle n'est pas éclairée, puisqu'elle n'a pas de corps, elle en est la source même.

 

Nous le savons, il faut chercher l'ignoré, là où l'objet n'est pas, sans conscience de cette recherche.

Pour découvrir la lumière sans la chercher, il faut aller sans le savoir au cœur de l'obscurité, puisque le soleil, lui, brille sur le non-nouveau, et que nous nou nourrissons l'illusion de ne pas être les illustrateurs des nos apparences.

                 

Nous voudrions faire voyager notre corps dans des lieux où il ne peut accéder, inconscients, vides, tournoyant dans le vide, impossibles se muant en possibles. Rêve inaccessible, comme tu vois, et cela me console.

Je ne sais ce que tu vas en penser, mais je me demande si au fond toute cette folie ne viens pas plus banalement, de certaine nostalgie nostalgie de l'origine, du temps où le néant contenait le tout en puissance... Et maintenant, qui devenus actualité  prenant une seule forme, nous regrettons d'avoir effacé ainsi toutes nos autres virtualités.

 

Peut-être est-ce cette nostalgie même qui nous unit fraternellement à toutes les formes, toutes lés images, qui nous donne le sentiment de participer à une métamorphose incessante et totale?

Nostalgie exprimée par des formes, des images elles aussi probables qui éveillent toutes les probabilités que nous recélons encore en nous et qui, sûrement un jour proche ou lointain, finiront par se révéler,ce n'est qu'une question de temps.

Alors, ce qui était probable se muera en possible. Le tout redeviendra tout, le passé basculera dans l'avenir, et vice versa, l'origine s'accomplira.

Pendant ce temps, il ne me reste qu'à copier, en attendant que se dévoile l'impossible.

Oh, et puis, je ne sais plus, nous les copistes nous y tenons à cette ignorance ! C'est notre seule défense contre la tentation de "recréer".

Aujourd'hui, je le ressens comme ça, demain, cette idée ne sera plus la même, ou plutôt je la sens déjà en mouvance, tandis que le papier sur lequel j'écris redevient arbre...

Silvio Cadelo

 

 

Silvio Cadelo

COPIE DELL'ORIGINE PERDUTA

Parigi 1990

 

Tu lo sai sicuramente,

un desiderio impossibile ci abita noi esecutori d’immagini, quello della totalità.

Cosi avanziamo nel vuoto, a tentoni, alla ricerca di questo inaccessibile sconosciuto.

Sì, è vero, siamo anche noi colpevoli di furto nei confronti del creato ma non siamo ladri di materia.

Colpevoli si, ma in niente complici di quei predatori che esibiscono i loro trofei sui muri; teste tagliate alla natura, per arredare salotti? No! Quello, mai!

Catturiamo solo immagini e rubiamo alla natura solo ciò che è strettamente necessario per posarlo su di un supporto.

Te lo giuro, se potessimo, non useremmo nemmeno il pennello, non graffieremmo nemmeno la tela, ah, se potessimo farne a meno! Ma devi diventare un peccatore per poter denunciare il peccato, l’eterna storia.

Ladri dunque, ma mai, ti dico mai, presuntuosi "ri-creatori".

Non rifacciamo la creazione poiché esiste già, nessuna pittura poiché è già fatta.

Umilmente ci inchiniamo alla sua perfezione ma copiando il suo atto di creare, testimoniamo della sua esistenza.

Perché sappiamo che in un futuro impossibile, questa immensa, questa sublime pittura si manifesterà nella sua totalità e con un gesto scaccerà dai musei tutte le collezioni, quei pietosi tentativi di creazione che ci soffocano e finalmente saremo liberi dal bisogno d'arte.

Per il momento, questi abusi che chiamiamo arte, continuano ad attrarci perché subiamo il fascino di questo sacrilegio che tiene prigioniera una parte della totalità di questo grande insieme, che non possiamo raggiungere e che ci chiama; ed è qui che risiede il problema, è un richiamo o un grido?

Il mio amico, il poeta Corrado Costa scriveva: è giusto dissociare l'opera e l'uomo, i colori e la pittura, la pietra e la scultura, separare pigmenti e dipinti, pietre e monumenti, restituire il marmo delle sculture alle carezze dell'acqua del torrente dalla quale è stato così crudelmente separato, affinché completi l'opera interrotta. Rendere umilmente a tutta la creazione, quello che l'uomo ha rubato con arroganza e vanità per fare arte.

È questo, ha detto, l'unico modo per dare un senso al lavoro dell'uomo, la sua fusione totale con la natura.

L'arte dell'uomo sarà allora tanto grande quanto invisibile, e solo questa invisibilità lo avrà accresciuto. Tu cosa ne pensi?

 

Noi copisti non vorremmo partecipare a questa violenza,

o forse vorremmo farlo diversamente, anche se ancora una volta ci sbagliamo.

Il mio amico Corrado mi ha detto: è scritto, Cadelo, non c'è niente di nuovo sotto il sole, quindi cosa dobbiamo fare? E sorridendo, mi consigliava: guarda più in alto, al di-là del sole!

Quindi seguiamo un'altra via, che come tutte le altre ci porta fuori strada.

Sì, noi creatori di immagini, noi gli umili e presuntuosi copisti della grande pittura in atto, andiamo verso l'oscurità, verso l'eterno negativo, dove si imprime l'eternità, dove si perde la materia e persiste sola la sua immagine, perché è lei, come sappiamo, a svelarci i suoi segreti.

L'immagine è leggera, non è illuminata poiché non ha corpo, è lei stessa la sorgente della luce.

Lo intuiamo; dobbiamo cercare l'inconoscibile, dove l'oggetto non è, senza la coscienza di questa ricerca.

Per vedere la luce senza cercarla, dobbiamo andare senza volerlo nel cuore dell'oscurità, poiché il sole splende sul non nuovo e noi nutriamo l'illusione di non essere gli illustratori delle nostre apparenze.

Vorremmo far viaggiare il nostro corpo in luoghi dove non può arrivare, incosciente, vuoto volteggiante nel vuoto, l’impossibile trasformarsi in possibile.

Sogno inaccessibile come vedi e questo ci consola.

Non so cosa ne penserai, ma mi chiedo se in fondo tutta questa follia non venga più banalmente, da una certa nostalgia per l'origine, per il tempo in cui il nulla conteneva il tutto in potenza e ora, divenuto attuale, ci rammarichiamo di aver così cancellato tutte le nostre altre potenzialità.

Che sia proprio questa nostalgia che ci unisce fraternamente a tutte le forme, a tutte le immagini, che ci danno la sensazione di partecipare a una metamorfosi incessante e totale, che risvegliano tutte le probabilità che ancora custodiamo ripiegate in noi e che sicuramente un giorno vicino o lontano, finiranno per rivelarsi ?

È solo questione di tempo e ciò che era probabile muterà in possibile, il tutto tornerà a essere tutto, il passato passerà al futuro e viceversa; l'origine si compirà.

Nel frattempo, non devo fare altro che copiare il gesto della natura in atto, nell’ attesa che l'impossibile si dispieghi.

Oh! e poi, non so più, noi copisti ci teniamo a restare avvolti nella fertilità dell’indeterminato, è la nostra unica difesa contro la tentazione di "ricreare".

Oggi la sento così, domani questa idea non sarà più la stessa, o meglio la sento già in movimento, mentre la carta su cui scrivo comincia a ridivenire albero.